lundi 12 novembre 2018

Détérioration du génois et arrêt en Tasmanie


Bonjour  à toutes et à tous,


L’article est consacré à la détérioration du génois, grande voile d’avant sur enrouleur ayant entraîné un arrêt en Tasmanie.


Rappel des faits:  

Nous sommes le 06/11/2018, à 350 m soit 650 km du bas de la Tasmanie, une dépression prévue arrive en début de matinée, il est 23h UTC (avons 10h de décalage avec la France), le vent commence à monter, le baromètre dégringole à 998 hPa.
Je suis au portant, vent arrière à 150° sur génois uniquement déjà réduit à un équivalent de 2 ris et je m’apprête à l’enrouler complètement pour le remplacer par la trinquette également sur enrouleur.
Au moment où je commence à manipuler le winch, une rafale de plus de 40n vient s’engouffrer dans le génois, tendre très sérieusement l’écoute bâbord (bout permettant de le tenir tendu depuis le cockpit), cette écoute devient soudainement libre et je vois partir le génois sur l’avant claquant violemment et lors de l’enroulement de la voile je constate avec stupeur qu’il est déchiré sur 3 m depuis le point d’écoute.
Dans la panique générale, la voile s’enroule mal, une poche se forme en hauteur.
J’envoie un peu de trinquette pour donner de la stabilité, il commence à pleuvoir violemment et au fur et à mesure des minutes la poche du génois prend de l’ampleur et ses claquements donnent de grands soubresauts au bateau.
Je tente d’utiliser la drisse du spi pour l’enrouler autour du génois afin de réduire cette poche, malheureusement, la dépression est arrivée, le vent établi est de 30n avec rafales à 40n.
La mer est formée et les vagues font plus de 6m sous les rafales, imaginez moi à la proue du bateau au pied de l’enrouleur à vouloir faire plusieurs tours avec une drisse de spi.
Je pense faire plusieurs tour aussi à l’enrouleur pour réduire cette poche, les claquements sont intenses, l’ensemble de l’enrouleur bouge énormément sous les rafales.
Nous sommes couchés deux fois à la limite des barres de flèche par des déferlantes. Résultat de l’opération, je n’arrive pas à réduire la poche du génois et j’ai coincé sérieusement l’enrouleur.
Je passe un moment infini à retirer la drisse de spi qui reste un peu coincée en haut et je reprends toute la drosse de l’enrouleur afin de faire une manœuvre de dernière chance, c’est à dire de dérouler le génois et de l’enrouler sous tension.
Lors de cette manipulation, je dois aussi manœuvrer avec la drisse de spi qui se bloque par moment et  empêche la rotation du tambour.
Ayant déroulé et enroulé le génois sous tension, j’ai réussi à supprimer la poche et l’enrouleur est stabilisé.
Toutes ces opérations ont duré 4h, je voyais les déferlantes arrivées, des murs de vagues gigantesques, évidemment c’était plus impressionnant que d’habitude étant sur le pont attaché.
Je dois  trouver un endroit calme pour remplacer le génois, prendre celui de secours, l’arrêt en principe est prévu en Tasmanie à Dover.


Conditions après la tempête plus de génois mais trinquette.

                                                



Fanch a pris la décision de m’accompagner pour m’aider, Elodie nous a trouvé cet endroit ou nous serons au mouillage sans descendre à terre. 




L’origine de cette avarie provient d’une négligence de ma part, en effet, le nœud de l’écoute a niveau de la voile a glissé au point de se défaire, un contrôle plus sérieux aurait éviter de se retrouver avec une voile déchirée en espérant que les tubes de l’enrouleur et l’étai ne sont pas endommagés.
J’ai eu mal pour Alizés II, je pensais un moment ne pas pouvoir trouver de solution avant un apaisement de la météo.
Je suis rentré dans le bateau transi de froid en n’ayant pas mangé et il m’a fallu 2 h pour me réchauffer et retrouver un peu de sérénité .
La dépression est passée et j’ai réussi à limiter les dégâts, j’ai mis la trinquette dont la voile est légèrement endommagée par la déchirure du génois, ce fût une dure journée.




Arrêt en Tasmanie  
Le 10/11/2018, à 6h UTC du matin j’arrive à Dover en Tasmanie accompagné des dauphins, Fanch est déjà présent au mouillage depuis 42h ayant eu une avance de 200 mn sur moi.



Comité d’accueil en Tasmanie 


Le lendemain matin, nous déposons le génois déchiré.

Génois déchiré


                                              

Je fais une inspection de tout l’enrouleur du génois depuis le haut du mât



Port Espérance, Dover




L’enrouleur et l’étai n’ont pas d’anomalie apparente
Je remplace juste 2 rivets sur la ferrure de l’étai de trinquette au niveau du mât



La trinquette est déposée et je constate que la bande UV est endommagée sur 5 m, il faut faire de la couture, je dois y consacrer de nombreuses heures pour le faire, elle est donc remisée dans la cabine avant et je ferai l’intervention en mer.



J’en profite pour remplacer une vanne sur le vérin du pilote automatique et vérifier les charbons du moteur électrique.



Je découvre que mes coffres latéraux de cockpit sont plein d’eau de mer, je ne les avais pas ouvert depuis plusieurs jours et ils ont été remplis lors de déferlantes venues envahir complètement le cockpit  dans les deux dernières dépressions. 



Je rééquilibre les pales de l’éolienne et Fanch décide de gratter les coques des 2 bateaux pour enlever les anatifes de plus de 15 cm biens collés dans la partie arrière de la coque. 



Je le remercie beaucoup d’avoir fait cette opération dans une eau de 13° dont je ne souhaitais pas affronter le froid.



Fanch en plein nettoyage de Chanik



Après une étude météo nous avons décidé de partir le 12 à 19h UTC afin de se trouver juste derrière une dépression et nous serons au niveau de la Nouvelle Zélande le dimanche 18 novembre.



Nous avons profité de cet arrêt pour fêter dignement à la la fois le passage du Cap Leeuwin et la moitié du parcours.



Par ailleurs, cet arrêt nous a fait du bien même si nous ne sommes pas aller à terre, nous avons profité de repos et nos sommes ressourcer pour finir  ce périple.    



Nous sommes à la position 43°19’ Sud et 147°01’ Est et avons parcouru 15380 m soit 28484 km  depuis le Bono.



Nous en terminerons avec l’océan Indien à partir de la Nouvelle Zélande et allons découvrir le Pacifique en espérant d’avoir un peu moins de dépressions. 



A très bientôt à toutes et à tous   



Francis et Navy                                    

4 commentaires:

  1. Bouhh....cette mésaventure est tellement bien racontée , qu' on avait vraiment l'impression d'y être ,ça donne froid dans le dos ,j' aurais pas aimé y être !!quel courage ! Vous êtes quand même un peu fou ,vous les navigateurs !!
    J'espère pour vous que la suite sera plus calme ,bon courage à vous trois .Biz

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