Bonjour à toutes et à tous,
Nous sommes le 27 mars 2019 à la position 16°49’ Nord et 39°48’ Ouest, au niveau de la des îles du Cap Vert.
Les Alizés ne sont pas très favorables, je suis dans l’impossibilité de viser les Açores pour l’instant et le vent souhaite nous envoyer vers l’ouest, c’est probablement un signe.
C’est une allure de près serré avec vent et vagues de face faisant souffrir Alizés II, notre pauvre et vaillant bateau déjà blessé au niveau de son gréement.
Il faut en permanence trouver le bon dosage entre avancer et ménager les efforts.
Nous avons parcouru 1600 Nq soit 2960 km en 13 jours depuis Jacaré avec une moyenne de 228 km par jour.
Il est impossible de pêcher à cause des sargasses, algue prolifique dans cette zone immense, pour les mêmes raisons l’hydrogénérateur est inefficace mais l’éolienne et les panneaux solaires suffisent à produire l’énergie nécessaire.
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Les Sargasses |
J’ai plein d’interrogations sur mon avenir de terrien, 8 mois sur un bateau dont 237 jours avec des périodes de 90 et 76 jours sans voir la terre, à vivre sur l’eau en toute liberté sans contrainte vont me marquer à jamais.
En 2015, j’avais déjà pris la décision de fuir cette vie trépidante, angoissante, fuir cette croissance démesurée.
Il me faudra d’autres projets de mer, de bateaux, retrouver cette osmose nous unifiant dans la sérénité.
Le cancer est toujours mon moteur pour ce périple, malgré mes interrogations je cherche encore à obtenir de la visibilité avec tous les organismes de communication décidés à m’aider à mon arrivée sur Bordeaux.
J’ai un réel besoin de témoigner, de donner de l’espoir, d’encourager les malades à tenter de trouver des clés pour prétendre à de la rémission.
J’ai eu beaucoup de chance, de la protection divine pour mener à bien ce périple et ma mission prendra fin après avoir longuement témoigner.
Après je pourrai repartir avec celle qui m’aime pour d’autres horizons, dans la vie il faut toujours avoir des projets même si le destin se charge parfois de les modifier.
Nous coulons encore des jours heureux avec une certaine peur d’affronter la dite civilisation, jusqu’à maintenant j’ai eu des craintes dans les difficultés de navigation, la peur à l’état pur n’était pas envisageable, elle aurait pu diminuer mes facultés, me tétaniser, ce ne fût jamais le cas et maintenant je touche du doigt une certaine peur à l’approche de la terre.
Les écrits de Bernard Moitessier raisonnent dans ma tête, je l’approuve de jours en jours d’avoir fuit la civilisation, il a sauvé son âme.
Sans le cancer, je n’aurai pas participé à une telle aventure et maintenant il va me porter jusqu’à l’arrivée.
Je continue aussi à la grâce de dieu.
A très bientôt,
Francis et Navy