jeudi 21 février 2019

Une journée à bord et ses petits problèmes techniques.


 Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 20 février, nous n’avons plus de dépression pour l’instant, nous venons d’avoir une grosse pétole et nous approchons du Brésil.
Le 17 février nous avons eu un coucher de soleil mémorable, c’était une splendeur de couleurs avec la venue de notre dernier albatros.

Vol d'Albatros au couché du soleil


Alizés II au couché du soleil


Un dernier couché de soleil avec l'Albatros

Nous retrouvons un certain quotidien à bord d’Alizés II : les sommeils de la nuit sont d’une durée de 1h30 à 3h, la météo conditionne le fractionnement puisque suivant la force et la direction du  vent il est nécessaire de faire des manœuvres.
Le seul risque pendant le sommeil est de rencontrer de gros bateaux, cependant des alarmes réagissent à leur approche.

Je vis au rythme du soleil, je me lève pratiquement comme lui, par beau temps c’est un régal  de le voir à l’horizon, c’est la découverte d’un nouveau jour.
Ma première occupation du matin est de faire le plein en nourriture et en eau au mousse à poils et lui changer sa litière.

Je télécharge des fichiers météo et je prépare 1/2 litre de café dans un thermos, prévu pour tenir jusqu’au repas de midi.
Le petit déjeuner est composé de pain, de confiture ou de beurre, il est  avalé en deux fois, le réveil étant vers 5h du matin il faut tenir jusqu’à 12h-13h.

J’étudie minutieusement la météo et le routage sur 2 et 7 jours, parfois c’est un véritable casse tête  pour s’éviter de la pétole.

Puis les bricoles commencent, après les grosses dépressions, il y a eu un peu de casse, il faut aussi  chasser l’humidité, la chaleur extérieure à 30° et le soleil sont vraiment les bienvenus.

Le repas de midi se prépare et se savoure, n’ayant aucune table, je mange toujours debout, puis je fais une bonne sieste, je regarde en permanence  la bonne marche du bateau, observe les évolutions et étudie les prochaines manipulations de voiles, parfois on peut rester 24h sans modifications majeures.

Je veille sur Navy, le rappeler à l’ordre quant-il lui prend l’idée d’aller sur le pont, de sauter de la capote à la bôme ou de se cacher dans les ris de la grand voile.
Nous passons un peu notre temps à nous observer.

Il y a des échanges de messages avec mes proches et avec Fanch, ils nous arrivent de nous contacter à la VHF parfois suivant nos faibles écarts.
De temps en temps, je mets un film sur l’ordinateur ou fait de la lecture, le traditionnel thé avec gâteaux est pris en milieu d’après-midi. 

Arrive, le soir avec son repas, je viens de pêcher une dorade coryphène de 5 kg, elle sera dégustée crue avec sauce soja.

Dorade Coryphène juste sortie de l'eau

Mauvaise nouvelle du jour, le câble bas hauban tribord se détériore, 2 brins de cassés, il participe à la tenue du mât.

Câble le bas hauban tribord endommagé
Je dois confectionner des supports, utiliser un des câbles de mon gréement de fortune et je vais inverser les câbles sachant que l’amure la plus utilisée sera celle de tribord.
J’avais déjà alerté au Cap Vert le professionnel qui avait fourni et monté ces câbles, d’une présence d’oxydation et avait fait part de mes craintes sur leur fiabilité.
Il faut espérer que les autres câbles tiennent jusqu’à l’arrivée, c’est encore à la grâce de Dieu.

J’ai parcouru 26000 mn soit 48152 km en 211 jours de navigation.

Je garde le moral et espère de la contribution à la recherche contre le cancer via mon blog.

Bravo à Suzanne qui vient d’arrêter son périple en Tasmanie après avoir repassé le Cap de Bonne Espérance et le Cap Leeuwin.

A très bientôt, 

Francis et Navy   

mardi 12 février 2019

Début de l'Atlantique


Bonjour à toutes et à tous,

J’ai sous-estimé l’océan  Atlantique pensant avoir subi les pires conditions, je m’imaginais une remontée tranquille or la dernière dépression vient de démontrer le contraire, rafales à 45nd et vagues  déferlantes de 5 m.

Il y a eu des moments difficiles ou je me demandais si j’étais à bord d’un bateau ou d’un sous-marin à se faire submerger fréquemment par les déferlantes, les fixations du four solaire n’ont pas résisté, un capot d’aération du moteur a été arrachée remplissant toutes les grosses gaines d’évacuation d’air et dans cette situation nous avons aussi plein d’infiltrations d’eau à divers endroits.


Rupture de la fixation du four solaire et absence de capot d'aération à tribord (trous noirs)

Dans ces conditions, il est impossible de cuisiner, seule la bouilloire était utilisée pour l’eau chaude dans les soupes déshydratées.    

Cette dernière dépression valait celle du grand Sud, puis le beau temps est revenu avec un manque de vent et une  houle résiduelle mais cela a permis sous le soleil avec les albatros de réparer les dégâts et de faire une visite de contrôle en haut du mât.


Vue depuis le haut du mât

En plus des dommages liés aux dépressions, l’usure du matériel augmente au fur et à mesure, j’ai du fabriquer des entretoises et d’autres fixations pour l’hydrogénérateur, réviser le démarreur qui a pris l’eau et revoir toutes les aérations situées trop basses sur le tableau arrière.

J’ai souffert du froid même si j’ai un  chauffage à air pulsé, mais j’ai toujours hésité à le mettre en fonctionnement, puisque le but n’est pas de brûler du gazole et de polluer, donc sur les 340 l de carburant seuls 40l ont été consommés.

Les températures les plus basses en extérieur étaient de 6° pour 9° à l’intérieur, une fois sous la couette, j’étais bien avec  la bouillotte Navy.
Heureusement le thermomètre augmente de jour en jour.  
Le mimi est en pleine forme.

Nous sommes le mercredi 13 février 2019, sous une autre dépression un peu moins violente, à 203 jours de navigation, 57 depuis la Nouvelle Zélande et avons parcouru depuis le départ 25000 mn soit 46300 km. 

Je suis à moins de 2 mois de l’arrivée. 

A très bientôt 

Francis et Navy

mercredi 6 février 2019

Le Cap Horn


Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 3 février 2019, il est 13h30 UTC soit 14h30 pour vous, je viens de passer le Cap Horn.
Ma trombine au passage du Cap!!!
Les conditions météo sont mauvaises, je ne peux pas m’approcher du rocher et la visibilité est très réduite.

Le Cap Horn est mythique, difficile et magique, je sens sa présence, sa puissance, il est à une vingtaine de kilomètres.

Nous avons parcouru 44000 km et 193 jours de navigation pour cet instant extraordinaire.
Le Cap Horn est le clou du spectacle, j’aimerai m’immobiliser, remplir mes poumons à ne plus les vider de cet air si particulier.
C’est une porte spirituelle s’ouvrant sur une nouvelle réflexion de la vie, c’est une partition de musique qui prend fin pour une nouvelle mélodie.

J’ai  une pensée pour Bernard Moitessier qui avait fait le choix de fuir, de ne pas revenir à la civilisation avec sa célèbre phrase « Je veux sauver mon âme ».
Même si j’en avais les moyens techniques,  quel est en 2019 l’endroit idyllique pour ne plus subir toutes les contraintes de ce monde ?
Je l’aurai fait éventuellement pour le cancer, cependant jusqu’à ce jour le compteur de dons évolue peu et ce serait pure folie de faire encore un demi tour du globe.

Les dépressions se succèdent avec toujours le même scénario d’une crainte de chavirage, nous avons  été encore couchés plusieurs fois et mon fidèle compagnon résiste vaillamment aux assauts des vagues.

Je remercie tous les encouragements connus et inconnus, je remercie Fanch de m’avoir accompagné  pendant les caps australs.

J’ai une pensée pour ma chère maman et tous mes proches.

Merci au tout puissant d’avoir maintenu l’étincelle de l’espoir aux pires moments.

Le périple n’est pas terminé, il reste 7500 mn théoriques soit 15000 km réels minimum avec une arrivée début avril.
Les péripéties seront encore de mise, tout peut arriver en navigation.   

Au moment ou j’envoie cet article j’approche des îles Falkland et l’Altantique nous fait un bel accueil sous le soleil avec  les albatros.




Vols d'Albatros au couché du soleil
 Bravo à Mark Slats de la GGR pour son arrivée, leur épreuve est un exploit du premier au dernier.

A très bientôt 

Francis et Navy