mercredi 24 avril 2019

Tour du monde en 300 jours


Bonjour à toutes et à tous, 


Je tiens à faire un petit bilan sur ce grand périple. 

Je suis parti le 18 juin 2018 du Bono, l’arrivée officielle à Bordeaux est le 26 avril 2019, il y aura 264 jours de navigation et 36 jours d’arrêts consécutifs à des problèmes techniques et à un soucis de santé. 

Le cancer est la cause de mon engagement à la Longue Route, je comprends les abandons de certains dans cette grande aventure, il fallait une motivation hors du commun pour réussir. 

J’ai eu un seul moment de doute et une envie d’abandonner avant le cap de Bonne Espérance, en effet; la première grosse dépression, le froid, de sérieux ennuis techniques, un manque de soutien par rapport à mon engagement avec peu de dons dédiés à la Ligue 64. faisaient un cumul venant altérer sérieusement mon moral. 

Les problèmes techniques ont disparu sans vraiment en connaître la cause, une lueur intérieure m‘encourageait à continuer, j’ai souhaité prendre le risque de me lancer dans les océans du grand sud. 

La protection divine était là, je devais lui faire confiance avec l’envie d’aller jusqu’au bout. 

Ma plus grande frayeur fût la rencontre avec la falaise à proximité de la Nouvelle Zélande, c’était une frayeur calme et lucide sans panique afin de trouver la bonne réaction, le destin c’est joué à quelques secondes, une hésitation aurait mis le bateau en travers de la falaise et nous ne serions peut-être plus là pour témoigner. 

Il y a eu beaucoup de craintes de chavirages lors des puissantes déferlantes, nous avons été souvent couchés, une fois de plus la protection est venue empêcher la deuxième déferlante fatale à Alizés II. 

L’aide à Loïc Lepage fut un grand moment de solidarité, on se sent utile à son prochain et on prend conscience de toute cette énergie déployée pour secourir un marin, les organisations de la Longue Route, de la GGR et les secours Australiens ont mis tout en œuvre pour Loïc. 

J’ai assisté tous les jours à un grand spectacle de la mer, du vent, du ciel et du soleil, j’ai passé des heures à contempler cette nature éblouissante et enivrante. 

Je n’ai jamais souffert de solitude, j’ai pu méditer à loisir, explorer les profondeurs de l’âme, y trouver des réponses, je ne suis plus le même homme, j’avais déjà une autre vision de la vie par rapport au cancer et j’ai pu conforter certaines valeurs qui me permettront de mieux témoigner de mes expériences. 

Je viens de naviguer ces derniers jours avec de bonnes conditions de mer très acceptables pour la plupart des navigateurs, pourtant c’est terne, la mer est plate d’une seule couleur verdâtre, Alizés II ne chahute plus, ne danse plus avec les vagues, je n’entends plus le vent dans le gréement. 

Au moment ou je vous écris, je viens d’arriver à port Médoc, demain je reprends l’estuaire de la gironde vers Pauillac, dernier port avant Bordeaux. 

Alizés II à Port Médoc 
La cause du cancer me donne cette volonté d’arriver, de donner de l’espoir aux malades. 

Je vais avoir la joie et l’émotion de voir mes proches, mon dernier petit fils Axel, né pendant mon absence. 

Je n’oublie pas ma fille Elodie, par rapport à son aide à l’avitaillement, à son routage, à nous avoir trouvé un mouillage en Tasmanie et à ses liens de traduction avec les autorités de secours australiens. 

Par ailleurs, je tiens à remercier Pierre Leconte d’avoir communiquer les newsletter, d’avoir œuvré avec la ligue 64 et put enfin obtenir un soutien national. 

Merci à Olivier Merbau l’organisateur de cet hommage dédié à Bernard Moitessier et Guy Bernardin et à l’organisation de mon arrivée sur Bordeaux le 26 avril à partir de 12h 45 au ponton d’honneur 12 et 14. 

J’aurai le plaisir de vous accueillir à toutes et à tous à mon arrivée et je resterai à votre disposition tout le samedi sur le bateau. 

A très bientôt à toutes et à tous 

Francis et Navy 

dimanche 21 avril 2019

Navy né le 01/05/2017

Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 19 avril  2019 à la position 45°17’ Nord et 08°10’ Ouest, au dessus de la  Corone.

Je dédie cet article à mon fidèle compagnon Navy, chat en ma compagnie depuis 10 mois.
Tout jeune, il a découvert le bateau, il était avec moi pendant les mois de préparation d’Alizés II à Hendaye.
A chaque arrivée au ponton, il ne se trompait pas de bateau une fois libéré de sa laisse.  
Il a passé dix mois sur le bateau depuis le Bono avec deux descentes à terre au Brésil, celle  de la  Nouvelle Zélande était dans une cage dans la période de quarantaine.

Lors de cet épisode, il était calme contrairement à son maître, cette séparation et condition de vie ont été très dures pour moi, j’ai même craqué pendant le reportage destiné à la télé.

Nous avons une grande complicité, j’identifie tous ses miaulements,  je connais toutes ses attitudes,  il est attentif au moindre bruit suspect, il attend un regard une caresse pour être rassuré.

Il est impatient de voir le poisson au bout de la ligne de traîne, malgré ça il en mange peu.   

Il prenait un grand plaisir à récupérer les poissons volants au petit matin et venir les entreposer à l’intérieur.

Nous passons notre temps à nous observer, il connaît les limites à ne pas franchir, il n’a jamais été attaché.

C’est vraiment une histoire d’amour entre le maître et son chat, cette complicité nous a fait du bien surtout dans les mauvaises conditions.

Je pense qu’il a une déformation au niveau des pattes arrières, elles sont écartées anormalement, cela  provient de sa position permanente à mieux se positionner pour rechercher l’équilibre.

La clinique vétérinaire Alliance qui le suit à Bordeaux  me donnera un avis en arrivant, sinon il est en pleine  forme comme son papa, il semble même avoir pris un peu de poids.

Navy devient probablement unique, je ne connais pas d’autres histoires de tour du monde par les 3 caps australs avec un chat.

LoïcK Fougeron avait tenté d’emmener un chat à la première course autour du monde en 1968, 50 ans après nous l’avons réalisé.      
C’est bientôt la fin du grand voyage et nous repartirons avec mon autre fidèle compagnon Alizés II. 




Sinon toujours l’arrivée sur Bordeaux le 26 avril avec un passage sous le pont Chaban-Delmas à 12h 45  pour  rejoindre le ponton d’honneur n° 12 et 14. 
Nous serons heureux de vous accueillir et de vous faire découvrir notre univers.
Au plaisir de vous voir à toutes et à tous.    

Francis et Navy      

mardi 16 avril 2019

La gestion des déchets en mer sur 9 mois de navigation

Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 15 avril  2019 à la position 42°05’ Nord et 16°55’ Ouest, à 650 km du cap Finistère espagnol.
Je viens de parcourir 31 685 mm soit 58680 km en 257 jours de navigation.

Avant mon départ, j’ai échangé fréquemment avec l’association « Robin des Mers » soucieuse de  trouver des solutions dans la gestion des déchets à bord des bateaux et d’élaborer des outils pour les compacter et  récupérer ceux présents à la surface de l’eau.

Sur le dernier point, j’ai très peu vu de déchets, aucune concentration sur notre parcours, juste quelques plastiques visibles de temps en temps par mer calme.
Ma principale préoccupation était de faire une bonne gestion des déchets sur une durée de 10 mois en prévoyant l’équivalent de 800 repas.

Au départ, nous avons éliminé avec ma fille Elodie un maximum d’emballages, le riz, les pâtes, la semoule, le sucre, la purée, les lentilles ont été mis dans de grands bacs étanches.
N’ayant pas retenu les plats lyophilisés, j’avais 250 conserves diverses.

Le traitement de ces boites vides après utilisation est spécifique, elles sont nettoyées et compactées avec un étau équipé de mâchoires en bois et inox.

Etau en bois et inox
Au passage cet étau est indispensable pour remettre en état des pièces sur le bateau.   

J’ai donc 4 poubelles à bord:
la première contient les boites métalliques compactées
la deuxième, tous les plastiques et c’est la plus importante
la troisième, les papiers et cartons que je brûle par temps calme dans le four solaire.
la quatrième est celle du verre, la moins importante, j’ai eu un peu de conserves avec ce contenant.

Pour information, il faut 400 ans à une boîte métallique pour disparaître dans la mer et 850 ans pour le verre.
Les discussions sur les différents pontons laissent perplexes, en effet, certains navigateurs jettent les boites métalliques et le verre au prétexte que cela peut servir de refuge à la faune.
Ce n’est pas très sérieux, surtout dans une navigation sur des fonds de plus de 2000 m, la faune n’a sûrement pas besoin de telles choses.

Évidement, il faut se donner la peine de nettoyer, de compacter et de ranger, c’est plus simple de jeter et ça coule immédiatement.
J’invite l’association Robin des Mers à méditer sur le sujet et à sensibiliser les marins peu regardant à la protection de l’environnement.

Néanmoins, nous arrivons toujours à perdre des éléments et je ne suis pas fier d’avoir laisser en mer 2 bouées et une planche à découper, c’est encore du plastique, ce matériel très pratique fait des ravages dans les différents océans. 
Il est bon de rappeler à tous les usagers de bateaux de toujours bien amarrer tout ce qui se trouve en extérieur.
Il y a un triste bilan sur notre périple et celui de la GGR, au total 6 bateaux vont se retrouver au fond des océans Indien et Pacifique.

Heureusement, tous les navigateurs sont sains et saufs, ils n’avaient pas le choix d’abandonner dans une situation d’extrême danger leur bateau.    
Certains diront que c’est peu par rapport à l’étendue des mers, mais au final c’est toujours l’homme  qui fabrique et pollue.

Je me retrouve avec une quantité de plastique considérable à bord, pourtant, nous avons tenté d’éliminer une grande partie au départ, cependant la conservation durable ne semble pas se passer de ce truc infâme.

Lors de mes missions solidaires au Sénégal pour Voiles sans Frontières c’était scandaleux de voir des étendues de plastiques, de canettes sur les bords du Siné Saloum région de toute beauté ternie par cette triste vision, une fois de plus  l’homme en est la cause.

Merci à l’association Robin des Mers et à sa responsable Alexia Idrac de s’investir dans cette grande cause de la protection de l’environnement.

Je n’ai pas pu rattraper Tony sur son bateau Nicolas 2, le plus petit écart fût de 20 mn mais il ne semble pas brancher sa VHF et le contact n’a pas été réalisé.

Sinon l’arrivée sur Bordeaux est programmée le 26 avril avec un passage sous le pont Chaban-Delmas à 12h 45  pour  rejoindre le ponton d’honneur n° 12 et 14.

Il me reste entre 1500 et 1600 km jusqu’à l’arrivée, par contre, la météo est peu favorable avec  une       
dépression dans les 24h et des vents contraires dans le golf de Gascogne m’obligeant à tirer des bords.   

A très bientôt   

Francis et Navy 

lundi 8 avril 2019

Parallèle entre la GGr de 1968 et la Longue route 2018

Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 07 avril  2019 à la position 37°18’ Nord et 34°27’ Ouest, à 550 km des Açores.
Je viens de franchir les 30700 mm soit 56800 km en 249 jours de navigation.
J’ai eu  22 jours de près serré dans les Alizés et la météo est instable avec diverses allures à gérer.

Je viens de lire « Tamata et l’Alliance » de Bernard, celui  de Loïck  Fougeron « Si proche du Cap Horn » et  le livre la Longue Route est souvent de sortie pour faire des comparatifs. 
Bernard et Loïck se connaissaient, ils avaient déjà l’envie de faire un périple par les  3 caps australs, ce fût les deux français engagés dans cette première course autour du monde en 1968 sur les 9 participants.
Ils ont fini de préparer leurs bateaux à couple à Plymouth en Angleterre, lieu de départ de cette course mythique.
Ils sont partis ensemble le même jour, ils se sont vite perdus de vu et faute de moyens de communication, ils ne pouvaient pas se joindre.
Cependant leurs écrits respectifs relatent l’inquiétude commune sur le sort de chacun.
LoïcK partira avec un chat nommé Roulis, malheureusement c’était une chatte qui allait avoir des petits et il réussit à débarquer la bête aux Cap Vert à proximité de Mindelo.
Puis Loïck chavira vers Tristan da  Cunha  avant le Cap de Bonne Espérance et il abandonna la course.

Pour la petite histoire, il décida en 1972 de refaire ce tour du monde inachevé avec son amie Betty et il abandonna dans un combat ultime à proximité du Cap Horn.

Une similitude entre ces deux hommes et nous avec Fanch  me paraît significatives:
Nous nous connaissions grâce à Voiles Sans Frontières et nous avons fait séparément  des missions solidaires avec nos bateaux pour cette ONG au Sénégal dans le Siné Salom.
A l’origine de mon inscription à la Longue Route, nous décidons avec Fanch d’aller le plus loin possible ensemble par solidarité et fraternité.
Je pars avec mon chat sans crainte d’avoir une portée de chatons, un peu de traces de griffes à l’intérieur et Navy semble heureux à bord.
Nous avons eu la chance d’avoir de bons moyens de communication avec Fanch afin d’échanger quotidiennement des ressentis, des informations météo, chacun avait ses propres fichiers et nous échangions sur la meilleure route à suivre en fonction surtout des dépressions dans le grand Sud.

Nous avons fait 3 escales techniques et une médicale et à chaque fois nous étions ensemble dans ces arrêts.
La distance maximale entre les deux bateaux a été de 350 mn, nous avons passé le Cap Horn avec 25 mn de différence après 5200 mn de parcourus soit 9600 km.
A la dernière escale médicale obligeant Fanch de s’arrêter, nous avons poussé le luxe d’arriver bord  à bord à la marina de Jacaré après avoir parcouru 3500 mn soit 6500 km depuis le Cap Horn.
Cette image de nos deux bateaux pointant l’étrave au Brésil fût un grand moment et elle restera gravée dans nos mémoires.

Couché de soleil depuis Alizés 2

Nous avons fait un tour du monde ensemble de Jacaré à Jacaré et depuis la France cela représente  une navigation commune sur 27000 mn soit 50000 km.
C’est une grande réussite que nous aurions aimé partager avec Bernard et Loïck, ce qui n’était pas réalisable de 1968 à 1969 l’est devenu en grande partie de 2018 à 2019. 

En ce moment je suis à proximité de Tony sur son bateau Nicolas 2, Patrick de Sail Cloud m’envoie toutes ses positions, en effet, j’aimerai communiquer avec lui, il est peut-être en manque de nourriture, d’eau, de gaz et j’aurai l’immense plaisir de l’aider si c’est le cas.
Malheureusement il n’est pas joignable par satellite, ma seule chance est de me rapprocher à moins de 20 mn pour tenter de l’avoir à la VHF.

La suite dans le prochain article.

Levé de soleil

Merci à Guy Bernardin d’avoir eu l’idée d’organiser ce périple 50 ans après et merci à Olivier Merbau  d’avoir pris le relais suite à la disparition de Guy en mer. 
Si tout va bien, l’arrivée sera vers le 22 avril à Bordeaux  

A très bientôt   
Francis et Navy