lundi 19 novembre 2018

Solidarité et Fraternité


Bonjour à toutes et à tous

Je tiens à insister sur ces deux valeurs, elles symbolisent des décisions prisent avant le départ.
Au début de mon inscription en février 2017, nous avions décidé avec mon ami Fanch de faire ce périple en s’aidant mutuellement dans le partage des informations météo, du routage et surtout l’entraide dans les difficultés.
Nous nous connaissions déjà au sein de Voiles Sans Frontières, ONG intervenant pour des missions de solidarité au Sénégal, nous avons participé l’un comme l’autre à des interventions dans le Siné Saloum avec nos bateaux et parfois sans nos fidèles compagnons des mers.

La fraternité, union et amitié fraternelle, liaison étroite permettant de se traiter comme des frères, nous a permis de nous accorder à cette aide mutuelle ou les premiers petits problèmes sont intervenus au Crouesty et avons attendu de tout régler pour partir ensemble de ce port.

Nous échangeons tous les jours sur la météo, les conditions de routage, les diverses informations connues par l’un ou par l’autre et ma fille Elodie fait aussi le lien avec Fanch sur les dépressions, diverses infos et nous avons été gâtes dans l’océan Indien.
Cette solidarité nous a permis un premier arrêt au Cap Vert pour des problèmes techniques sur Alizés II, puis un deuxième au Brésil concernant des avaries sur Chanik, le bateau de Fanch.

Des problèmes de voiles m’ont contraint à un arrêt en Tasmanie et nous allons devoir faire encore un arrêt en Nouvelle Zélande puisque le génois de secours ne tient pas le choc et il commence à se déchirer, pourtant il avait été révisé avant le départ.
Nous allons trouver un port et un bon professionnel pour remettre ces génois en état et continuer la route sans ces problèmes récurrents de ces derniers jours.
Nous avions affalé la trinquette en Tasmanie, je lui fais des coutures quotidiennement et je pensais la remettre par temps calme.
Or nous sommes proches de la Nouvelle Zélande et la météo est difficile depuis deux jours et cette nuit et demain seront peut-être nos pires moments de navigation de l’océan Indien.

Nous allons avoir des rafales à 45n soit 84 km/h, des vagues de plus de 5m et le plus compliqué c’est d’avoir ces conditions de face.
De plus une grosse dépression s'annonce l'une des plus sévères nous barre la route, nous attendront donc un peu avant de nous lancer dans le Pacifique !

Une fois de plus j’ai sollicité Elodie pour qu’elle nous trouve un endroit pas trop éloigné de notre route pour faire escale avec Fanch.

Je n’avais pas eu le temps de transmettre certaines photos sur le dernier article, celle de dessous représente les anatifes d’une quinzaine de centimètres collés surtout en partie arrière de nos bateaux décapés par Fanch en Tasmanie. Nous aurions pu les consommer en salade mais pas sûr de la qualité gustative avec le produit de protection de coque à proximité.

Anatifes récupérés sur la coque

Mon arrêt en Nouvelle Zélande risque d’être compliqué vis à vis de Navy. Les autorités sont très pointilleuses sur le suivi médical de l’animal et il n’est pas vacciné contre la rage puisqu’il fallait le faire dans les quarante jours avant notre arrivée et l’arrêt de force majeur n’était pas prévu.
Heureusement, Fanch maîtrise mieux que moi l’anglais et les échanges vont être nécessaires pour s’éviter si possible la mise en quarantaine de Navy.

Fanch sur son bateau au départ de la Tasmanie

Notre escale ne dépend que du délai de réparation des voiles par le professionnel.
Sinon à bord, les températures descendent, le matin il fait 13 à 14° à l’intérieur et à l’extérieur elle est en moyenne de 12°.
Etant sensible du froid, c’est collant, pantalon de ski, sous-vêtements chauds, polaire et veste de quart avec le bonnet de temps en temps.

Francis à la table à carte

Navy va toujours bien, il se protège du froid et du roulis en se mettant sous la couette ou sous le duvet.

Navy sous la couette
En conclusion de cet article, j’estime que nous avons une énorme chance d’avoir de tels partages avec Fanch, c’est aussi une particularité de cette Longue Route et une leçon de vie à nous tous et plus encore aux terriens qui prennent de la distance avec ces valeurs.

Position du jour  : 45 44S et 161 33E
Distance depuis le départ : 16108m soit 29830 km et 134 jours de mer  


A très bientôt à toutes et à tous
Francis et Navy

lundi 12 novembre 2018

Détérioration du génois et arrêt en Tasmanie


Bonjour  à toutes et à tous,


L’article est consacré à la détérioration du génois, grande voile d’avant sur enrouleur ayant entraîné un arrêt en Tasmanie.


Rappel des faits:  

Nous sommes le 06/11/2018, à 350 m soit 650 km du bas de la Tasmanie, une dépression prévue arrive en début de matinée, il est 23h UTC (avons 10h de décalage avec la France), le vent commence à monter, le baromètre dégringole à 998 hPa.
Je suis au portant, vent arrière à 150° sur génois uniquement déjà réduit à un équivalent de 2 ris et je m’apprête à l’enrouler complètement pour le remplacer par la trinquette également sur enrouleur.
Au moment où je commence à manipuler le winch, une rafale de plus de 40n vient s’engouffrer dans le génois, tendre très sérieusement l’écoute bâbord (bout permettant de le tenir tendu depuis le cockpit), cette écoute devient soudainement libre et je vois partir le génois sur l’avant claquant violemment et lors de l’enroulement de la voile je constate avec stupeur qu’il est déchiré sur 3 m depuis le point d’écoute.
Dans la panique générale, la voile s’enroule mal, une poche se forme en hauteur.
J’envoie un peu de trinquette pour donner de la stabilité, il commence à pleuvoir violemment et au fur et à mesure des minutes la poche du génois prend de l’ampleur et ses claquements donnent de grands soubresauts au bateau.
Je tente d’utiliser la drisse du spi pour l’enrouler autour du génois afin de réduire cette poche, malheureusement, la dépression est arrivée, le vent établi est de 30n avec rafales à 40n.
La mer est formée et les vagues font plus de 6m sous les rafales, imaginez moi à la proue du bateau au pied de l’enrouleur à vouloir faire plusieurs tours avec une drisse de spi.
Je pense faire plusieurs tour aussi à l’enrouleur pour réduire cette poche, les claquements sont intenses, l’ensemble de l’enrouleur bouge énormément sous les rafales.
Nous sommes couchés deux fois à la limite des barres de flèche par des déferlantes. Résultat de l’opération, je n’arrive pas à réduire la poche du génois et j’ai coincé sérieusement l’enrouleur.
Je passe un moment infini à retirer la drisse de spi qui reste un peu coincée en haut et je reprends toute la drosse de l’enrouleur afin de faire une manœuvre de dernière chance, c’est à dire de dérouler le génois et de l’enrouler sous tension.
Lors de cette manipulation, je dois aussi manœuvrer avec la drisse de spi qui se bloque par moment et  empêche la rotation du tambour.
Ayant déroulé et enroulé le génois sous tension, j’ai réussi à supprimer la poche et l’enrouleur est stabilisé.
Toutes ces opérations ont duré 4h, je voyais les déferlantes arrivées, des murs de vagues gigantesques, évidemment c’était plus impressionnant que d’habitude étant sur le pont attaché.
Je dois  trouver un endroit calme pour remplacer le génois, prendre celui de secours, l’arrêt en principe est prévu en Tasmanie à Dover.


Conditions après la tempête plus de génois mais trinquette.

                                                



Fanch a pris la décision de m’accompagner pour m’aider, Elodie nous a trouvé cet endroit ou nous serons au mouillage sans descendre à terre. 




L’origine de cette avarie provient d’une négligence de ma part, en effet, le nœud de l’écoute a niveau de la voile a glissé au point de se défaire, un contrôle plus sérieux aurait éviter de se retrouver avec une voile déchirée en espérant que les tubes de l’enrouleur et l’étai ne sont pas endommagés.
J’ai eu mal pour Alizés II, je pensais un moment ne pas pouvoir trouver de solution avant un apaisement de la météo.
Je suis rentré dans le bateau transi de froid en n’ayant pas mangé et il m’a fallu 2 h pour me réchauffer et retrouver un peu de sérénité .
La dépression est passée et j’ai réussi à limiter les dégâts, j’ai mis la trinquette dont la voile est légèrement endommagée par la déchirure du génois, ce fût une dure journée.




Arrêt en Tasmanie  
Le 10/11/2018, à 6h UTC du matin j’arrive à Dover en Tasmanie accompagné des dauphins, Fanch est déjà présent au mouillage depuis 42h ayant eu une avance de 200 mn sur moi.



Comité d’accueil en Tasmanie 


Le lendemain matin, nous déposons le génois déchiré.

Génois déchiré


                                              

Je fais une inspection de tout l’enrouleur du génois depuis le haut du mât



Port Espérance, Dover




L’enrouleur et l’étai n’ont pas d’anomalie apparente
Je remplace juste 2 rivets sur la ferrure de l’étai de trinquette au niveau du mât



La trinquette est déposée et je constate que la bande UV est endommagée sur 5 m, il faut faire de la couture, je dois y consacrer de nombreuses heures pour le faire, elle est donc remisée dans la cabine avant et je ferai l’intervention en mer.



J’en profite pour remplacer une vanne sur le vérin du pilote automatique et vérifier les charbons du moteur électrique.



Je découvre que mes coffres latéraux de cockpit sont plein d’eau de mer, je ne les avais pas ouvert depuis plusieurs jours et ils ont été remplis lors de déferlantes venues envahir complètement le cockpit  dans les deux dernières dépressions. 



Je rééquilibre les pales de l’éolienne et Fanch décide de gratter les coques des 2 bateaux pour enlever les anatifes de plus de 15 cm biens collés dans la partie arrière de la coque. 



Je le remercie beaucoup d’avoir fait cette opération dans une eau de 13° dont je ne souhaitais pas affronter le froid.



Fanch en plein nettoyage de Chanik



Après une étude météo nous avons décidé de partir le 12 à 19h UTC afin de se trouver juste derrière une dépression et nous serons au niveau de la Nouvelle Zélande le dimanche 18 novembre.



Nous avons profité de cet arrêt pour fêter dignement à la la fois le passage du Cap Leeuwin et la moitié du parcours.



Par ailleurs, cet arrêt nous a fait du bien même si nous ne sommes pas aller à terre, nous avons profité de repos et nos sommes ressourcer pour finir  ce périple.    



Nous sommes à la position 43°19’ Sud et 147°01’ Est et avons parcouru 15380 m soit 28484 km  depuis le Bono.



Nous en terminerons avec l’océan Indien à partir de la Nouvelle Zélande et allons découvrir le Pacifique en espérant d’avoir un peu moins de dépressions. 



A très bientôt à toutes et à tous   



Francis et Navy                                    

lundi 5 novembre 2018

Nourriture sur une durée de 7 à 8 mois de mer


Bonjour  à toutes et à tous,

L’article est consacré à la nourriture. Il n’a pas été facile d’estimer la quantité  sur la durée de la navigation estimée entre 7 à 8 mois de mer.
Un casse tête s’est vite imposé avant le départ, lyophilisé ou pas et voir la quantité à prévoir avec ce type de plat.

Une étude préalable prévoyait 600 repas sachant que dans le grand Sud le besoin de calories est supérieur à cause du froid.

J’ai visité la société Lyophilisé.fr à Lorient, la responsable a été de très bons conseils étant les fournisseurs principaux des grandes courses comme le Vendée Globe.
Avant une éventuelle grande commande, j’ai acheté une douzaine de plats, une telle nourriture à la base représente peu de poids et elle est vite préparée, un peu d’eau chaude versée dans le sachet et  la consommation se fait quelques minutes après.
J’ai donc testé, j’ai trouvé les viandes et les poissons dans leur garnitures trop secs, le problème ne provient pas du produit par lui même, c’est surtout moi qui ai un handicap, en effet, la radiothérapie au niveau de la gorge a altéré très sérieusement des glandes salivaires et j’ai perdu par la même occasion des bridges.

Donc, la difficulté de mastication  et l’absence de salive m’obliger de manger des aliments tendres et très humides.
J’ai décidé de renoncer aux produits lyophilisés à part quelques  pâtes aromatisées.

J’ai emmené beaucoup de conserves avec une préférence pour la choucroute, j’ai quelques bocaux faits maison plus précisément de Marie ma belle sœur qui m’a préparé également un jambon dans le sel et le poivre pendant des mois et je l’ai découpé et mis sous vide avant de partir.

Par mon amie Béni, d’origine espagnole, j’ai 10 poches de calamars de 600 gr à l’encre pouvant se conserver des mois ainsi que des boites de beurre pour mes tartines du matin.

Je prends plaisir à me préparer les repas avec les différentes garnitures dont les principales sont les pâtes (coquillettes) riz, semoule, purée, boulgour, quinoa, lentilles, perles, ratatouille, champignons de Paris, salsifis, haricots verts.
A ces garnitures j’y incorpore du jambon sous vide et en boite, calamars, sardines, maquereaux, saucisses, gésiers, langue de porc.

J‘avais mis dans le sel du porc et du bœuf, ces derniers ont été terminés au début de l’océan Indien. 
En conserves sans préparation, bien-sur, la choucroute accompagnée d’une bière, le cassoulet, les raviolis, petit salé, lentilles saucisses.

Pour les petits déjeuners, je fais un pain tous les 4 jours puisque en règle générale il n’est pas utile d’en manger surtout avec du riz et des pâtes et les tartines comprennent du beurre, du miel ou  de la confiture.
Le muesli est prévu pour les jours de forte houle.

Je fais des desserts, riz au lait, flans et puis  un petit bonheur, le chocolat avec petite tartine de pain.
C’est sec pour moi mais savoureux à déguster.

Nous avons eu la chance pour tous les participants de la Longue Route d’avoir eu une dotation gratuite de produits bio en chocolat et café par la Sté GRAIN de SAIL et du thé bio également par les Jardins GAÏA.

Pour fêter le passage des caps et les événements de fin d’années, j’ai du champagne et des boites de foie gras.

Pour déguster le thé et les chocolats chauds j’ai des variétés de gâteaux et de barres énergétiques.

En protéines, je prends des cachets de spiruline et des graines de Chia parsemées dans la nourriture.

Dans toute l’étude de cette quantité de nourriture n’était pas prévu la pêche et j’ai eu de la chance d’avoir des poissons de bonnes tailles, les derniers: un thon de 35kg et un autre de 25kg.
Le premier a été mis en grande partie dans le sel et l’autre partie dans du sous vide.
Le dernier a été mis exclusivement dans le sous vide que j’ai mangé cru avec sauce soja jusqu’au dernier sachet et c’était un pur délice.
J‘ai un tout petit appareil pour la mise sous vide de faible consommation d’énergie.

Je fais de la germination avec diverses graines afin d’avoir un peu de verdure.

Globalement, arrivé au 3/4 de l’océan Indien, j’ai consommé qu’une quarantaine de conserves en boites grâce à la pêche régulière dans l’Atlantique mais qui est quasiment inexistante dans le Sud.

Concernant l’eau, elle est produite par un petit dessalinisateur à faible énergie d’une capacité de 5,7 par heure et la consommation journalière est de 4 litres soit une production de 488 l depuis le départ et je récolte un peu d’eau de pluie par le four solaire.   

Le prochain article sera consacré au traitement de nos déchets.

Concernant nos conditions de navigation, nous avons subi une dépression de 2 jours avec rafales de  40n et une houle de 6m.
Un dilemme vient de se poser pour le passage de la Tasmanie, soit le faire par le Sud ou le Nord, en pareil cas c’est la météo qui est déterminante.

Par rapport à ma position du 03/11 j’allais me retrouver avec des mauvaises conditions dans le passage Nord les 10 et 11 novembre et j’ai pris la décision de passer par le Sud.
Un coup de vent arrive le 6 pour quelques heures et une houle de plus de 5 à 6 m va suivre, cette situation est probablement mieux gérable que par le Nord.
Néanmoins, les conditions sont très changeantes, il faut être très vigilant et Elodie me donnera les tendances à venir.

Le 04/11/2018 à 22h UTC soit 1h de moins que vous à la position 39°58’ Sud et 134°15’ Est,   j’ai 122 jours de navigation et parcouru 14600 m soit 27000 km.

Navy va très bien, il mange beaucoup, en majorité des croquettes variées, des petites boites de mousseline et des sachets de viandes et légumes.  


Sachets de thé les jardins de gaïa


Sources de protéines spiruline et chia

Pain maison

Tablette de chocolat et café grain de sail

Graines à germer
A très bientôt à toutes et à tous