lundi 24 septembre 2018

Mésaventure d'une soirée agitée.

Bonjour à tous et à toutes,


Le 19/09/2018, il est 18h UTC soit 20h en France,  à la position 36°24’Sud et 30°27’ Est, je prépare le repas du soir, la nuit est déjà tombée, la mer se forme, ça chahute à l’intérieur et soudain une première alarme AIS (Automatic Identification System) de mon dispositif Nomad récepteur émetteur m’avertit de la présence d’un bateau à proximité.


Je branche la VHF qui est aussi AIS , et contrairement à la première elle n’est que récepteur uniquement avec une portée plus importante puisque l’antenne est en tête de mât.

A ma grande stupeur je vois arriver sur moi 8 cibles AIS, je me croyais dans une marina entouré de plaisanciers.

Dans ces cibles, il y a un bateau de pêche de 48 m au pavillon de Taïwan et toutes les autres cibles ont pour nom Net Mark.

Ils sont à 2 miles, je sors et vois un bateau avec beaucoup d’éclairage sans rien d’autre en visuel autour , je les appelle à la radio pour leur demander si ils sont en pêche et leur indiquer que je suis un sailboat, bateau à voile.

Je leur demande de bien vouloir se dérouter, aucune réponse, cependant je vois à l’écran que le bateau va me contourner par l’arrière.

J’allume le radar et je ne vois que le bateau de pêche en écho.

Finalement, j’ai une personne qui me répond plusieurs fois whalebone sans autres explications, malheureusement, mon anglais est restreint, je n’ai pas posé d’autres questions et en face ils n’étaient pas très bavards.

Alizés II n’était plus un danger par rapport à ce bateau de pêche mais je naviguais parmi les autres cibles qui étaient très instables, je passais mon temps à les éviter, le ciel était bouché, la lune non apparente et je ne voyais rien en surface.

Comble de malchance le vent montait progressivement pour s’établir à 30n avec des rafales à 40n et une mer de plus en plus grosse.

Puis brutalement, Alizés II tressaute fortement, Navy près de moi a un regard inquiet, quelque chose vient de nous percuter par dessous  au niveau de la quille.

Il est urgent aussi de réduire le génois et de mettre la trinquette, l’enrouleur de ce génois ce coince, les écoutes s’emmêlent autour de l’enrouleur.

Je tente d’envoyer la trinquette mais une petite partie du génois est libre ci qui donne des soubresauts et risque de l’endommager.

J’abandonne l’idée de la trinquette, je file à la proue du bateau équipé et attaché sous des trombes d’eau, avec certains bouts libres venant me cogner régulièrement.
Après un combat de plus plusieurs minutes, sûrement une demie heure, je réussi à démêler tout ce petit monde, j’arrive  à réutiliser le génois dont l’enrouleur est toujours coincé et je n‘ai pas la possibilité de réduire la voile si le vent augmente.

De retour à l’intérieur, je constate toujours des cibles à proximité, je mets même le moteur pour m’extirper au plus vite, vérifier que l’hélice n’est pas endommagée et de vérifie le bon fonctionnement du safran.

Le safran est un dispositif suspendu non relié à la quille et le moindre choc peut nous créer de sérieux problèmes.

Le rodéo commencé  18h UTC prend fin à 21h30, étant un peu plus calme je regarde la signification de whalebone qui veut dire baleine. 

Le lendemain j’ai tenté de comprendre cette sitation avec ma fille Elodie, ses recherches sur internet mettent en évidence que la pêche à la baleine n’est pas interdite dans certaines régions du monde, l’interdiction avait été refusée en 2016  par les asiatiques.

A priori, j’ai été en présence d’un baleinier asiatique qui a accroché des baleines dont on peut supposer que le harpon est relié à une balise AIS permettant de suivre l’animal pour mieux le fatiguer et le tuer.

J‘ai donc heurté probablement une baleine, la mer était forte et il était impossible d’entendre le souffle d’un tel animal.

Pour finir, j’ai passé une dure soirée, le lendemain, j’ai remis en ordre l’enrouleur du génois dans des conditions beaucoup plus calmes, je n’ai rien remarqué d’anormal, cependant il faudrait faire un examen sous le bateau et  je n’ai pas envie de prendre un bain dans cette eau froide.

Je n’ai eu qu’une grande frayeur  et une fatigue à récupérer.

L’Indien n’est pas un long océan tranquille et une nouvelle dépression s’invite à notre parcours.

Navy à proximité du winch observe attentivement le balai des corneille du cap et des malamock.


Navy à son poste d'observation

Alizés 2 file à l'indienne!!

 
A très bientôt à toutes et à tous 

Francis et Navy    

lundi 17 septembre 2018

Passage du Cap de Bonne Espérance



Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 14 septembre 2018 à 8 heures UTC à la position 39°35’ Sud et 18°33’ Est, ligne  théorique de passage du Cap de Bonne Espérance.   
C’est une grand étape depuis le départ de 8430 m soit 15612 km à une moyenne de 5n. 

Au revoir Océan Atlantique, bonjour Océan Indien.
Cher M Indien je vais découvrir votre univers, de nombreux ouvrages parlent de vous, pas toujours en bien, vous avez la réputation d’un océan difficile.
N’en prenez pas ombrage, je vous demande la permission de vous traverser jusqu’à la Nouvelle Zélande.
J’ai passé un premier  droit d’entrée pour atteindre le Cap de Bonne Espérance à force 7, les vagues de 6m et des vents en rafales de 40n ont joyeusement fait virevolter Alizes II mon fidèle compagnon de voyage.

           
                       

Ces vagues sont de toute beauté avec cette couleur émeraude au sommet des déferlantes.
Nous serons discrets, allons nous faufiler pour éviter les mauvais grains, profiter de la splendeur de votre océan.
Nous ne faisons pas une course contrairement à d’autres, nous allons prendre le temps de vous contempler.

Néanmoins, je ne suis pas encore totalement dans l’océan Indien, je me trouve dans une zone de no man’sland comme l’indiquait Bernard Moitessier, c’est la rencontre entre l’océan Indien avec son eau chaude et salée et l’Antarctique avec ses eaux moins salée et froides sans oubliez un fort courant provenant du banc des aiguilles.
On peut considérer un passage définitif à la latitude 33E et je suis à la 18E, il me reste 500m soit 900 km.

Arc en ciel en vue!!!
 Au moment ou je termine cet article je suis  la position 37°57’ Sud et 24°35’ Est, j’ai fait 325m soit 601 km, c’est vraiment une zone très instable, la plus instable jamais connue, cette nuit par exemple je suis resté un moment à barrer, le pauvre pilote auto ne suivait pas et même moi j’avais du mal à trouver un cap correct sous les grains orageux ou j’apercevais des éclairs à l’horizon.

Nous avons eu des grands moments de calmes au point de plus avancer, le vent et la houle reviennent en force. 

Navy va très bien, il trouve toujours le bon endroit pour se caler, cela ne l’empêche de faire le fou de la cabine Av à la cabine AR, il a un équilibre impressionnant.

Le skipper et son chat
Point de vue nourriture, nous savourons notre thon de 40 kg mis en sous vide et dans le sel.

A très bientôt à toutes et à tous 

Francis et Navy          

lundi 10 septembre 2018





Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes  le 10 septembre 2018, à la position 36°51’’ Sud et 08°43’’ Est, en dessous du Cap de Bonne Espérance dont le Cap des Aiguilles, le plus bas est à la latitude de 34°48’’.

Je suis dans le train des dépressions, elles vont plus vite que moi, avec une de mes filles, Elodie nous étudions quotidiennement  l’évolution de cette météo en espérant ne pas dépasser les 6 à 7 m de vagues.
Surtout que dans l’océan Indien des vagues erratiques peuvent faire des dégâts.

Je tiens un journal de bord journalier comme chaque marin, aujourd’hui le baromètre indique une pression de 1023 , hier à la même heure, il était à 1028, une dépression pointe son nez. 

Je fais le point 2 fois par jour dans ce journal en indiquant rigoureusement les éléments suivants: 

la position, la pression atmosphérique, la température intérieure, le vent, la mer, le ciel, la distance totale parcourue depuis le départ, la distance des derniers 24h avec sa vitesse moyenne, le cap fond, le cap du vent, la configuration des voiles, le nombre de jours de navigation depuis le départ et ceux depuis la dernière escale  et tous les faits marquants de la journée.

Ce jour, la vitesse du  vent est entre 7 et 9n, une mer peu agitée avec une houle de 1,5m, un ciel nuageux laissant apparaître à l’horizon des zones de grains.
Dans ces fameux grains, le vent passe de 7 à 25n et voir plus en 2 mn, autant anticiper avant de l’aborder.                 

Le soleil n’est pas apparent, il est impossible pour l’instant de faire un relevé au sextant. 



Notre vitesse moyenne est entre 4,5 et 5,5 n et la distance journalière moyenne ces derniers jours est de 110 Nq soit 200 km, ce n’est pas très brillant.

Cette moyenne a aussi diminuée à cause des mes problèmes techniques, pas plus tard qu’hier je devais vérifier le compas du pilote automatique dont le technicien Bénéteau n’a pas été capable de  m’indiquer son emplacement.


J’ai soupçonné de le trouver sous le plancher de la cabine  arrière tribord, j’ai du vider 2 caisses de nourriture  et plein d’autres choses pour y accéder et j’ai trouvé le fameux compas.

Une fois le compas démonté, ouvert, vérifié  toutes les connexions reliant les éléments à la centrale du pilote automatique, il faut tout réinitialiser ce qui demande de nombreux 360° dans l’eau à une vitesse ne dépassant pas 2n à la rotation sinon on refait un autre tour.


Pendant ce temps la vitesse de navigation est nulle et parfois même négative.


Tout cela  fonctionne normalement, j’avais au préalable modifier les liaisons du régulateur d’allure afin de diriger Alizés II pendant les tripotages du PA.         


Je suis à 66 jours de navigation depuis le Crouesty et 30 jours depuis la dernière escale  de Jacaré au Brésil.

La distance depuis le départ est de 7898 Nq soit 14600 km.

Il reste 600Nq soit 1000 km pour atteindre le Cap de Bonne Espérance, il est aussi prévu le largage de  mes 2 balises Argo aux longitudes 32 et 33 Est situées après le cap . 


Au niveau  voiles, j’affale la grand voile quand je suis au portant, je n’utilise  que le génois et la trinquette en fonction de la force du vent qui pour l’instant n’a pas dépassé les 40 n.

La grand voile au portant a peu d’intérêt et la navigation est plus allégée et facile à gérer.



                                             Les voiles

Hier j’ai pêché le plus gros poisson depuis le départ, un thon d’au moins 40 kg, je n’ai pas  de peson   pour vérifier avec exactitude son poids.
Il faut gérer sa conservation dans le sel et le sous  vide.


Navy n’a pas été effrayé par ce gros poisson, pour l’anecdote, j’ai 2 moulinets en ligne de traîne dont l’un n’a plus de cliquet et je met une épingle à linge sur le fil pour juste vérifier de temps en temps si ça bouge.


Si Navy dort dans le carré et c’était le cas hier, il entend le léger bruit du déroulement du moulinet et saute dans le cockpit en miaulant  pour m’alerter.


Au passage, j’ai du réduire la vitesse du bateau et j’ai  bataillé pendant de longues minutes pour  ramener et hisser le thon dans le cockpit.



                                               Le thon

Le moral dans tout ça va beaucoup mieux, les problèmes techniques sont écartés pour l’instant et Alizés II file avec plaisir sur cette fin d’océan Atlantique, l’arrêt évoqué à Cape Town n’est plus d’actualité.

Je m’accommode du froid, il n’est pas descendu en dessous de 12 ° mais la forte humidité augmente cette sensation de froid.


Par chance,  les conditions météo  sont devenues calmes au bond moment.


Véronique, la dernière compagne de Bernard Moitessier m’a cité une des réflexions de Bernard:

« Dans les coups durs, je prends la cape morale. C’est un truc que j’ai appris en lisant Monfreid. Quand tout va mal, on ne pense plus, on agit instinctivement, on fait ce qu’il y a à faire dans la journée et puis petit à petit, les choses se dessinent. »  


Il y a aussi un dieu bien veillant et tout puissant qui est venu en aide, j’ai eu des circonstances vraiment remarquables pendant mes pannes de nuit comme de jour au niveau du PA et du RA( PA pilote automatique et RA régulateur d’allure)  


Le PA était très instable, il pouvait ne plus fonctionner et parfois il était opérationnel pendant 2h,

Quand le PA n’était plus opérationnel je passais sous RA et il est arrivé que le RA à son tour tombait en panne, pour cela je devais tel une souris me faufiler dans le coffre arrière babord pour le réparer et heureusement que je suis assez mince pour y aller dans des contorsions invraisemblables.


Le temps des réparations que pouvaient durer 2 h maximum, le PA a fonctionné et s’arrêtait une fois le RA réparé, c’est à peine croyable et je peux vous promette que c’est la réalité des faits, merci au tout puissant de m’avoir  aidé dans ma cape morale.   


Les épreuves font que je  vais appréhendé les prochains évènements différemment.



Le skipper

Par ailleurs, l’agence de communication basée à Biarritz ferme et elle gérait le blog à distance, encore une déception, heureusement ma fille Elodie prend le relais et sera probablement aidé par son frère Alexandre. 

Le fameux compteur de dons n’évolue pas vite mais je remercie chaleureusement tous les donateurs , je ne lâcherai rien et me battrai jusqu’au bout.


Navy participe à toutes les manœuvres, là il contrôlait la révision des fixations et la connexion de l’hydrogénérateur.


Navy

A très bientôt à toutes et à tous 

Francis et Navy                  






jeudi 6 septembre 2018

Problèmes technique et baisse de moral


Bonjour à toutes et à tous,

Quelque part entre Amérique du Sud et Afrique du Sud à la position 34° 44‘’ Sud et 02° 26’’ Ouest le 04/09/2018.

Les conditions météo deviennent un peu plus sévères, 40n de vent et des vagues de 5 m et tout cela va grossir.

C’est une situation normale et prévisible à l’approche du Cap de Bonne Espérance.

Par contre, je vous ai fait un compte rendu sur le régulateur d’allure dans mon dernier article, hors il se trouve que le dernier montage n’a pas apporter plus de fiabilité.

Dans le gros temps, les drosses et poulies souffrent un peu plus surtout que mon pilote automatique a un problème technique, je ne peux plus l’utiliser normalement et c’est vraiment un élément indispensable.

Pendant 2 jours il était inopérant et il remarche correctement depuis hier.

C’ est une panne liée à une perte de données dont je n’arrive pas à identifier l’origine.

Je ne peux donc pas continuer sans pilote automatique et avec un régulateur d’allure peu fiable.

Je pense m’arrêter à une des marinas de Cape Town en Afique du Sud, par ailleurs, je suis très fatigué après toutes les interventions de jours comme de nuit ou il faut barrer de temps en temps.

Je redoutais le froid et l’humidité et je commence à en souffrir sachant que je suis plus fragilisé sur ce point depuis mon traitement.
Je ne sais pas si j’aurai la force de repartir si je m’ arrête.

Avant de penser à repartir de Cape Town, il faut y arriver, à vol d’oiseau c’est à 2000 km, il me faut 9 jours de navigation et ce sera compliqué d’aller à cette destination dans les conditions que je viens de d’écrire.

Le moral est assez bas et le peu de dons via mon blog consacré à la recherche contre le cancer ne me motive pas plus pour continuer.

Voilà les dernières nouvelles, j’espère vous en donner des meilleures prochainement.

Navy va bien, il dort toujours autant

Francis et Navy