mercredi 27 mars 2019

Remontée de l'Atlantique depuis le Brésil

Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le 27 mars 2019 à la position 16°49’ Nord et 39°48’ Ouest, au niveau de la des îles du Cap Vert.
Les Alizés ne sont pas très favorables, je suis dans l’impossibilité de viser les Açores pour l’instant et le vent souhaite nous envoyer vers l’ouest, c’est probablement un signe.
C’est une allure de près serré avec vent et vagues de face faisant souffrir Alizés II, notre pauvre et vaillant bateau déjà blessé au niveau de son gréement.
Il faut en permanence trouver le bon dosage entre avancer et ménager les efforts.

Nous avons parcouru 1600 Nq soit 2960 km en 13 jours depuis Jacaré avec une moyenne de 228 km par jour.

Il est impossible de pêcher à cause des sargasses, algue prolifique dans cette zone immense,  pour les mêmes raisons l’hydrogénérateur est inefficace mais l’éolienne et les panneaux solaires suffisent à produire l’énergie nécessaire.  

Les Sargasses 

Les températures allaient de 27 à 35°, ce matin le thermomètre ne dépassait pas 23°, Navy se sent mieux avec un peu de fraîcheur.

J’ai plein d’interrogations sur mon avenir de terrien, 8 mois sur un bateau dont 237 jours avec des  périodes de 90 et 76 jours sans voir la terre,  à vivre sur l’eau en toute liberté sans contrainte vont me marquer à jamais.

En 2015, j’avais déjà pris la décision de fuir cette vie trépidante, angoissante, fuir cette croissance démesurée.
Il  me faudra  d’autres projets de mer, de bateaux, retrouver cette osmose nous unifiant dans la sérénité.

Le cancer est toujours mon  moteur pour ce périple, malgré mes interrogations je cherche encore à obtenir de la visibilité avec tous les organismes de communication décidés  à m’aider à mon arrivée sur Bordeaux.
J’ai un réel besoin de témoigner, de donner de l’espoir, d’encourager les malades à tenter de trouver des clés pour prétendre à de la rémission.
J’ai eu beaucoup de chance, de la protection divine pour mener à bien ce périple et ma mission prendra  fin après avoir longuement témoigner.
Après je pourrai repartir avec celle qui m’aime pour d’autres horizons, dans la vie il faut toujours avoir des projets même si le destin se charge parfois de les modifier.

Nous coulons encore des jours heureux avec une certaine peur d’affronter la dite civilisation,  jusqu’à maintenant j’ai eu des craintes dans les difficultés de navigation, la peur à l’état pur n’était pas envisageable, elle aurait pu diminuer mes facultés, me tétaniser, ce ne fût jamais le cas  et  maintenant je touche du doigt une certaine peur à l’approche de la terre.

Les écrits de Bernard Moitessier raisonnent dans ma tête, je l’approuve de jours en jours d’avoir fuit  la civilisation, il a sauvé son âme.
Sans le cancer, je n’aurai pas participé à une telle aventure et maintenant il va me porter jusqu’à l’arrivée.       
Je continue aussi à la grâce de dieu.

A très bientôt,
   
Francis et Navy      

dimanche 17 mars 2019

Départ de Jacaré sans Chanik

Bonjour à toutes et à tous,

Le 14 mars 2019, je pars de Jacaré laissant Fanch et Chanik dans la désolation.
La séparation est dure, nous sommes toujours partis ensemble depuis le Bono le 18 juin 2018, puis le Crouesty, Mindélo au Cap Vert, Jacaré au Brésil, Dover en Tasmanie et Dunédin en Nouvelle Zélande.
A chaque départ, nous prenions plaisir à nous observer, à nous mitrailler de photos à bavarder à la VHF, Chanik prenait souvent de la distance jusqu’à la NZ puis se fut le contraire, Alizés II voulait prendre sa revanche sur l’autre moitié du périple.

Fanch doit se faire opérer d’une hernie inguinale en France.
Désolé pour toi Chanik j’ai découvert une grosse fissure sur ton mât qui aurait pu mal se terminer, ton capitaine va remettre tout cela en ordre à son retour et tu vas pouvoir voguer à toute allure pour  nous rejoindre au Bono.
J’essaie de me mettre à la place de Fanch, ça doit être très dur à vivre de voir Alizés II continuer sa route, les adieux  étaient  pudiques avec beaucoup d’émotion.

Nous avions passé la soirée ensemble avec des voisins de ponton à fêter ce départ et les anniversaires, celui de Fanch est le 15 mars.
La vie est ainsi faite de moments forts, de déceptions et il faut trouver les ressources morales pour avancer.  

Nous concernant, j’ai une anecdote  à raconter : le 28 décembre 2018, 10 jours après notre départ de la  Nouvelle Zélande, Fanch m’indique son abandon, il faisait déjà route sur Auckland en NZ. 

La séparation avec sa bien aimée est à l’origine de cette décision, je lui indique immédiatement mon souhait de faire cet abandon ensemble avec les mêmes raisons hormis que ma compagne n’a pas fait cette demande, mais serait heureuse de me voir rapidement.
Tahiti est évoqué puisque un arrêt avec Navy en NZ est à oublier, finalement ma décision l’incite  à continuer la Longue Route.
Je serai peut-être un jour en partie responsable d’une séparation pour ne pas avoir laisser agir  Fanch tout seul.         

Il souhaite faire notre routage jusqu’à Bordeaux, c’est une façon pour nous de rester en contact quotidiennement.  

J’en profite pour remercier une fois de plus  toute l’équipe de la marina de Jacaré, Francis, Nicolas  et Jean Pierre, les responsables de cet endroit unique au Brésil.
Ils  nous ont réservé un accueil fabuleux, j’ai eu droit à mon gâteau d’anniversaire le 12 mars, nous avons raconté notre périple lors de ce repas conviviale à une petite trentaine de navigatrices et de  navigateurs, les rencontres sont toujours très enrichissantes.        

Je suis à proximité de l’Équateur, dans le Pot au Noir avec sa pétole, ses grains, ses étendues de sargasses avec quelques déchets plastiques dans ces algues et je vais récupérer les Alizés prochainement.

Sargasses et pétole
Nous avons parcourus 28100 mn soit 52000 km pour 228 jours de mer.

Alizés II est fragilisé par un génois réparé la détérioration de son bas hauban, de son mât, j’ai rajouté d’autres soutiens à Jacaré, il n’y a pas de quoi s‘éclater pour  finir le périple.  

Chanik, Chanik pour AlizésII !! Tu nous manques !

A très bientôt

Francis et Navy    

mardi 12 mars 2019

Arrivée à Jacaré au Brésil



Bonjour à toutes et à tous, 



Le 3 mars 2019, Fanch décide de s’arrêter à Jacaré à cause d’une hernie inguinale douloureuse et je décide de le suivre conformément à notre solidarité. 

Nous arrivons ensemble le 8 mars à la marina de Jacaré village ou nous avons un superbe accueil.

Entrée du chenal pour Jacaré 
Il y a 17 bateaux de la World Arc. Néanmoins, Francis, Nicolas, Jean Pierre et toute leur équipe arrivent à nous trouver très rapidement des places au ponton. 

Alizés II et Chanik au ponton à Jacaré 

Marina de Jacaré 
Je profite de cette escale pour sécuriser mon gréement fragilisé par la détérioration d’un bas hauban dont je conteste la qualité, pour preuve, il y a une légère aimantation sur ces câbles récents ce qui ne devrait pas exister sur de la matière inox. 

Par ailleurs, j’ai découvert des anomalies majeures sur le support d’étai du bateau de Fanch ne l’autorisant pas à continuer dans cet état. 

J’ai décidé de repartir le 14 au matin de Jacaré, je table sur 35 jours pour arriver au port de Bordeaux avec escale à Pauillac à cause de la marée. 

Nous avons eu un reportage de la principale télévision Brésilienne, en effet, nous n’avons pas terminé notre périple, cependant nous venons de faire un tour du monde de Jacaré à Jacaré, c’est une première au Brésil . 

Voici quelques chiffres pour ce parcours: 187 jours de mer, 23382 Nq à 5,21 nd soit 125 Nq par jour.



Francis et Navy 


samedi 2 mars 2019

Pétole dans l'Atlantique et petits soucis

Bonjour à toutes et à tous,

Nous sommes le premier mars 2019, nous venons de connaître une sérieuse pétole sur plusieurs jours.
Nous avions les pétoles du grand sud entre chaque dépression d’une durée moyenne de 12 heures, or celle-ci était  de 3 jours.

Je me croyais dans le Pot au Noir, ce n’est pas pire, nerveusement  c’est usant, le vent descend à 2 nd,   la grand voile n’est plus stable, il faut l’affaler et ce n’est pas mieux pour le génois ou je  laisse un petit bout de toile au cas ou des risées viendraient nous propulser à 2 nd de vitesse.
Le pilote automatique, n’a plus de cap, n’est  plus opérationnel et le régulateur d’allure n’a aucune efficacité hormis de le commander avec un petit PA.

Donc, il n’est pas impossible de dériver en marche arrière, nous ne sommes pas en course, néanmoins nous avons plaisir à avancer et de faire des moyennes de distances convenables.
La moyenne en distance sur cette dure période était de 65 mn 

Sur ces 3 jours, le scénario était invariable, le jour un tout petit vent pour atteindre une vitesse de 2nd, en soirée c’était le néant, il valait  mieux aller dormir et reprendre les commandes vers 5h du matin avant le lever du jour puisque une petite brise venait nous caresser le visage.  

Les lumières sont sublimes, il fallait mettre à profit cette grande zone de calme au large de Rio de Janeiro.

Couché de soleil au large du Brésil
J’ai tenté de trouver des solutions pour mon câble détérioré, j’ai fait le choix d’inverser les bas hauban afin de garder le meilleur sur le coté le plus sollicité dans les prochains jours avec les Alizés.
J’ai installé un câble de soutien depuis le mât jusqu’au ridoir inférieur, c’était du perçage, du taraudage  sous les barres de flèches avec une vingtaine de montées au mât pour finaliser le montage.
Il subsistait une petite houle qui a fait fléchir le mât lors des manipulations et il se retrouve avec une légère déformation sous la barre de flèche babord.

Ajout du deuxième câble de soutien
Hier en faisant une visite de routine autour du PA et RA je découvre l’existence d’un court-circuit provoqué par la présence d’eau dans le moteur d’aération, la connexion d’origine n’était pas protégée par un fusible et l’incident se situait à proximité des bouteilles de gaz.

Sinon le vent est revenu hier avec son lot d’orages et d’éclairs, c’était flippant d’être entourés de ces éclairs qui pouvaient atteindre Alizés II et détériorer toute les parties électriques et électroniques.
J’ai attendu dehors le passage de ce front menaçant et vers 1h du matin je suis aller manger et me  faire une première sieste.     
Comme quoi une catastrophe est vite arrivée en mer.

J’ai la crainte que le génois te tienne pas le choc, que d’autres câbles  se détériorent et le mât vient s’ajouter à la liste. 
Néanmoins, je garde le moral  sous  une chaleur de plus de 30 degrés, Navy cherche les endroits frais, il  perd beaucoup de poils et je le brosse 3 fois par jours.

Navy sur le frigo bercé par la gazinière
Je viens de pêcher ma deuxième dorade coryphène depuis la remontée de l’Atlantique, elle fait 1,2m pour 6 kg.

Nous sommes au prés serré en espérant arrondir et revenir un peu plus NE.
La distance parcourue  en 220 jours de navigation est de 26800 mn soit 49600 km.
Ma position est 18°24’ Sud et 35°24’ Ouest.

Merci aux donateurs pour la lutte contre le cancer 

A bientôt 

Francis et Navy